Sous un haut couvert de vieux eucalyptus, je parviens au bord du fleuve Parana. Dans la perspective du large, en aval, un magnifique pont a double haubans tend sa ligne courbe par dessus le grand vide. Se detachent en arriere plan, les hauts immeubles de Rosario. La belle Manathan exotique nous ouvre les bras. ¡Adelante chicos!
Plaza 25 de Mayo, la promenade enchaine sur une artere pietonne qui mene droit sur Le monument patriotique local. C´est un trocadero de pierre blanche, echelle inhumaine et architecture rigide. Grandes pieces d´eau a debordement, statuaire communiste melee d´olympisme. Urnes de plomb, dont celle du centre, sous l´arc de triomphe enorme, crache du vrai feu. Clou du spectacle, de l´autre cote de l´arc, un emmarchement de cinquante metres de large descend jusqu´au semaphore. Massive tour de pierre aveugle a la gloire du drapeau national, invente a Rosario. Inquietant symbole nationaliste. Le monument est cerne de tours d´habitation plus hautes que lui, triomphe de la reussite privee sur la puissance publique.
La ville de Rosario est semblable a ses soeurs: une grosse gaufre de rues de meme largeur et de carrefours a angle droit, ou on ne sait jamais qui a la priorite. La classique artere pietonne, remplie de commerces, coeur battant qui n'est pas encore parti en banlieue. Mais a Rosario, on y vient avant tout pour son front de fleuve, unique. Friche portuaire reconvertie en espaces publics sur quinze kilometres de long.
Pres du fleuve, de vieux docks de brique sont rehabilites en ateliers artistiques. Sieges d´associations, clubs, lieux d´expositions. Le tout subventionne par les services culturels municipaux. En contrejour, des acrobates escaladent un foulard gigantesque devant le fleuve, tandis que la coque demesuree d´un cargo glisse derriere eux.
La Rambla continue sous les palmiers. Des bars sont accroches a la falaise, d´autres loges dans d´anciens batiments industriels remis a neufs. En se penchant au dessus du parapet, on devine 15 metres en contrebas, a travers les ramures des arbres, des jardins secrets. Ce sont des terrasses de restaurants ou des clubs prives de peche, ou meme des cabanons de particuliers. Petits paradis privilegies, caches du reste de la ville, appartenant plus au monde fluvial qu´a l´urbain.
C´est jour ferie, a la memoire des disparus de la guerre sale, periode de dictature en Argentine (1977-1983). Cafe con leche et media luna, et a nous la Florida! La plage a revetu ses allures de dimanche pour l´occasion. Un large boulevard suit les courbes des plages de sable jaune, borde d´une promenade pietonne a l´ombre des arbres alignes. References : la croissette ou la promenade des Anglais, les plages de Barcelone. Des cafes et des bars, des clubs de kayak, des terrasses privees avec leurs transats et parasols. Sabrina se pose sur un gradin pour dessiner le paysage tandis que je me baigne. L´eau est laiteuse, le fond est couvert d´une vase limoneuse tres douce.
Les bancs et les allees sont noirs de citadins en recreation apres le travail. Sirotant le mate, poussant les enfants, en footing, etales sur les pelouses, le vaste espace de respiration de la cite est investi a la hauteur de ses proportions: massives. De l´autre cote du rio, des vols d´oiseaux blancs passent au dessus des iles sauvages. Au loin, les couleurs layette des silos a grain, reconvertis en musee d´art contemporain, attrapent les derniers rayons de soleil.
1 commentaire:
Bonjour mes tresors! Jai evoque ce dimanche de paques sur la terrasse du cafe du port de douarnenez avec nos amis patEisa votre merveilleux periple, je suis fan, jadore vos croquis, continuez, revez et partagez pour nous, ici rien a signale, jembrasse partout votre peau bronzee. G.
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