samedi 28 mars 2009

Parc National El Palmar







Nous empruntons une piste secondaire qui s'enfonce en ligne droite dans le bush. Le ciel est saturé du vol des tourterelles qui fusent dans toutes les directions. Leur roucoulement crée un bruit de fond sourd et persistant. Dans la perspective du chemin, on aperçoit tout à coup des capibaras qui broutent les buissons. On s'approche furtivement, la jumelle à l'oeil, pour observer ces drôles de bêtes pataudes. Leurs petits yeux noirs ne nous voient pas, tout occupés qu'ils sont à flairer les feuillages. On dirait des sangliers tant ils sont hauts, et leurs courtes pattes malagiles tiennent plus du porcin que du rongeur. De l'autre côté de la rivière, d'autres silhouettes sombrent traversent le chemin. Nous explorons la rivière envahie par une brousse de plantes aquatiques et d'arbrisseaux piquants. Remontés de l'autre côté de la dépression, nous parvenons au sommet d'un relief aplani. Autour de notre promontoire, s'étend la priairie rase et sèche que fréquentent les hauts Yatay. A perte de vue, les touffes perchées sur leurs troncs en bouquets clairsemés, transforment le paysage en labyrinthe où se perd le regard. De retour, au bord de la piste, un renard gris longe la lisière. Il se dirige droit sur nous, insouciant. A quelques mètres, il lève la truffe et flaire dans l'air du soir le parfum de notre répulsif à moustique. Incrédule, il hésite avant de regagner les profondeurs des fourrés. Nous observons encore des capibaras en train de s'accoupler et s'enfuient à notre approche. Le soir tombant, les palmiers se transforment en marionnettes d'un théâtre d'ombres chinoises, tignasses perchées sur leur unique échasse. Au camping, les viscaches sortent de leurs vastes terriers. Ces étranges lapins ont une tête énorme, barrée de lignes blanches et noires, qui leurs donnent une allure de caricature sur petites pattes. Dans les douches, de gros crapauds barriolés d'un camouflage coloré surgissent de leurs cavités et rebondissent rapidement à notre approche. Nous dînons avec une chandelle à l'huile improvisée, au chant des grillons. Pendant la nuit, les viscaches discutent et se disputent dans leur langue d'onomatopées extraterrestres.

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