mercredi 31 décembre 2008

Valpo port


Du haut de notre grande maison aux etages demesurement hauts, nous admirons le port par la fenetre de notre chambre. Il s´y passe un tas d´evenements du matin au soir, creant un mouvement perpetuel qu´on ne se lasse de regarder.
Valpo est un port industriel important, et c´est cette longue histoire maritime qui fait sa reputation romanesque a travers le monde. Aujourd´hui, le port industriel est tout entier voue au transit, terminal a containers d´ou arrivent et repartent d´abstraits petits blocs de couleurs vives, pleins de marchandises anonymes. Les immenses grues quadripodes, telles des titans de la guerre des etoiles, tendent leur long cou au dessus des cargos a quai. Une araignee suspendue ne cesse de monter et descendre pour attraper les parallelepipedes et les enlever dans les airs puis les empiler dans des cales. Des camions et des elevateurs geants balladent leur fardot comme des fourmis, en suivant les pistes peintes au sol vers d´autres poles, ou vers des destinations lointaines. Une autoroute qui surgit d´un tunnel sous la montagne, se branche directement sur le tarmac, et aspire et refoule le va et viens incessant de poids lourds. Le ballet mecanique du rangement, classement, stockage,triage des containers, absolument maitrise en spectacle de rigueur geometrique, est en parfait contraste avec les collines couvertes d´une anarchie de maisons. Tout aussi barioles de couleurs vives, cela semble etre les memes danseurs qui d´un cote interpretent classique et de l´autre improvisent moderne.

lundi 29 décembre 2008

Valparaiso

Maisons cubiquesMont des morts

Lego geant
Une pensee pour le voyage de Gilles C.

jeudi 25 décembre 2008

Desert d´Atacama

Pueblo de San Pedro de Atacama
Eglise en adobe et bois de cactus

Sapin de Noel tronant sur la plaza de Armas


Salar de Atacama
Decor: etendues brunatres cristallines
A l´est, les volcans des Andes. Le Licancabur domine de ses 6050 metres d´altitude.
A l´ouest, la cordillere de sel, plus basse, fait front. Ciel d´azur er luminosite extreme.




Nous parcourons, des le lever du soleil, le sentier d´interpretation du parc des Flamincos. Le sol est herisse par le sel et les poussees des mineraux. Ce milieu, parfaitement hostile a toute forme de vie en apparence, est le resultat de la remontee de l´eau accumulee sur les Andes, et qui s´est chargee en mineraux en traversant les sous sols volcaniques. Pourtant, la ou se forment les lagunes, une espece de crevette se nourrit de bacteries et constitue l´alimentation de base de trois especes de flamants qui ont elu domicile ici. D´autres oiseaux limicoles farfouillent la vase noire et puante. Des flamants, la tete dans l´eau, se balancent, en duo avec leurs reflets, en un balai majestueux. Des vols, au dessus de nos tetes, traversent le ciel bleu intense, sur lequel se detache le rose pur et le noir profond des ailes de ces cocasses echassiers.







Lagunes altiplanicas



Oasis de Socaire
Les parcelles agricoles de quinoa terrassees dans des ravines, sont alimentees par un systeme de canaux datant des Incas. Captant l´eau provenant des Andes, on les voit sillonner le desert aux abords du village.
L´oasis de Socaire s´est implantee en aval d´une resurgence d´eau douce, la ou
le flanc de la montagne s´est dechire. De sa plaie beante s´ecoule une eau profonde et verte. Le cours d´eau a ete canalise et distribue les jardins potagers du village.
Le paysage miniature de ces fragments d´Eden secrets est jalousement garde par de hauts murs de pierre. La fraicheur est distribuee par un complexe reseau de canaux ramifies en arborescences batis de pierre et ciment. Chaque jardin benefie une fois tous les vingt jours d´un temps d´eau comptabilise precisement par deux vieux gardiens. Ici, les terres ne se vendent pas mais se leguent par droits de sang. Les arbres couverts de fruits, abricots, grenades, poires, projettent leur ombre sacree sur de petits lopins de legumes et de fourrage.
La promenade dans les minuscules allees des potagers, bercee par la musique de l´eau, nous evoque les villages de la vallee du Gapeau.







samedi 20 décembre 2008

Parc de Lauca

Arica, ville frontiere, porte du Chili


Vite debouts et rendus a la gare le ventre vide, nous cherchons un bus pour le parc national de Lauca a trois heures de route dans les hauteurs de la cordillere...
Et ce jour la, nous avons traverse la Lune...Sortis des faubourgs residentiels bien alignes, le desert. Puis les contreforts de la chaine montagneuse parfaitements secs et denues de toute vegetation. Des vallees immenses, blanches sous le soleil sature, remontent a la perpendiculaire dans les profondeurs de la montagne. L´echelle demesuree de ce paysage est incomparable avec les proportions de l´Europe familiere. A 3000 metres d´altitude, une vegetation seche et clairesemee apparait. Des cactus aux branches torturees s´erigent tels des chandeliers prets a s´enflammer sous l´astre de plomb. A 4000 metres d´altitude, quelques ruisseaux et vigognes rentrent dans le decor. Le bus nous jette sur le bord de la route vide et poussiereuse. En face de nous, une pancarte indique le bourg de Chucuyo. Sur la place centrale, le vent siffle, pas un chat, tout est ferme. Quelques gamins jouent aux billes dans un coin et disparaissent a notre arrivee. Apres quelques rondes entre les maisons, une paysanne debonnaire nous ouvre enfin son restaurant routier et nous sert sa soupe d´alpaca. Nous prenons ensuite nos quartiers chez Dona Mati, hospedaje en adobe aux gabarits quechua. Nous ne passons meme pas la minuscule porte bleue de la masure!
Revigores, nous partons a la rencontre de ce paysage de plaine d´altitude. Une etendue de paturages humides s´etale devant nous cernee par une barre de montagnes fondantes aux couleurs d´epices. Au loin, s´etire une grande lagune argentee. Le sol est un etrange tapis de graminees naines extremement compactes. C´est comme si l´on marchait sur de la mousse a grande echelle! Entre ces nuages disjoints coule une eau fraiche et limpide. En realite, nous parcourons un immense reseau de suintements d´eau qui s´ecoule vers la lagune et cree cette tache verte au milieu du desert. Des vigognes et des alpacas paturent tout autour de nous. Leurs cadavres sont echoues sur la mousse de temps en temps, offerts aux charognes. Les nombreux flamands rose aussi paturent la tete dans les flaques et s´envolent en groupe vers les immensites de la lagune. Au loin, dominant l´amphitheatre des reliefs, emergent le volcan Parinacota et son petit frere, la neige de leurs sommets accrochant la lumiere rosee du coucher du soleil (parina:flamand en quechua).












mercredi 17 décembre 2008

Lac Titikaka

La ville de Puno, coincee entre les collines et le lac
Iles flottantes et femmes d'affaires
Vocation agricole des iles

Dentelle de ciel

Lac mediterranneen
Le bleu jusqu'a l'interieur

lundi 15 décembre 2008

Machupicchu

Quatrieme journee du trek: visite du Machupicchu
Six heures du matin, on file rapidement a la navette pour le Macchu Picchu qui demarre d´Aguas Calientes pour longer pendant un moment le rio Urubamba. Cet enorme torrent devale la vallee tres encaissee dans un tumulte boueux, laissant a peine la place pour la piste au pied de murailles immenses. Cet affluent de l´Amazone lointain a creuse une tranchee profonde dans les masses de granit, donnant aux pics rocheux cette topographie extreme. Le canyon dessine des meandres dont chaque centre est un pain de sucre geant, recouvert d´une vegetation luxuriante rappelant les paysages de la mer de Chine.


Le bus s´eleve par une piste en lacets qui gravit dans un exploit d´equilibriste cette paroie vertigineuse. Le spectacle des formations vegetales qui peuplent les versants abruptes est de toute beaute. L´influence tropicale, presente entre ces derniers contreforts des Andes, pousse la nature a realiser des prouesses d´adaptation. Bromeliacees et Epyphites tapissent la roche monolithique verticale. Puis ce paysage disparait sous un plafond de nuages.


L´entree du Macchu Picchu n´est qu´un petit amenagement, la place etant rare sur le sommet de ces aiguilles. L´allee se prolonge jusqu´a un petit ensemble de greniers aux toits de chaumes, premiers elements de le forteresse secrete. Nous traversons quelques terrasses qui semblent offrir une vue d´ensemble, mais le mystere demeure, cache par les brumes matinales.


Nous traversons des douves pour alors penetrer a l´interieur de la cite. Ensemble savamment organise de batiments rectangulaires, disposes en escalier sur le dos courbe que forme le sommet de la montagne. Nos chemins se separent et tandis que Sabrina recherche ses points de vue, j´entreprends de gravir le pic du Wayna Picchu qui domine le site et accueille a sa cime des terrasses et quelques constructions. L´ascension passe par la crete des redents qui precedent le mont. Puis, le sentier devient un escalier a pic, echelle de pierre incrustee dans les failles qui constituent les seules accroches sur le monument de granit. La vegetation pourtant foisonne et dissimule la vue sur les ruines en contrebas. C´est apres un effort redoutable que j´atteins enfin les premieres terrasses, d´ou se degage alors une vue spendide. Debarrasse de toute nebulosite, le mythe tant de fois represente du Macchu Picchu se devoile enfin a mes yeux, dans son ensemble. Comme le Mont Saint Michel sur ses eaux, le vaisseau de pierre semble flotter dans le vide des profondeurs de l´abime.







vendredi 12 décembre 2008

Trek de Lares

Randonnee de 3 jours reliant le village de Lares a la cite inca de Ollantaytambo.

Premiere journee
Nous avons suivi tout l'apres midi une plaine encaissee de pentes herbeuses et labourrees par endroits, jusqu´au village de Huacahuasi ou nous attend notre premier bivouac. De petites maisons tres rustiques ponctuent les replats de part et d´autre du rio. Des cabines de tole bleue se tiennent a cote de chaque maison, en plus ou moins bon etat. Ce sont des latrines offertent par l´ancien president Fujimori (emprisonne car juge coupable de crime d´etat par le tribunal international pendant les annees du Sendero luminoso) et qui sont maintenant reutilisees pour d´autres usages par les habitants: porte, volets, clotures.

Chaque maison est une ferme familiale construite de pierres appareillees grossierement et couvertes d´un toit de chaume, a l´image des maisons gauloises de nos livres d´histoire. Des murets de pierres branlants delimitent des enclos qui servent de coral, potager ou carre de prairie dans lequel poussent arbrisseaux et buissons epineux. Le potager produit quelques patates, herbes et condiments ainsi qu´un foin special pour nourrir l´elevage de cochons d´Inde, les Cuy (prononcer couille). Enfin, un ou plusieurs grands enclos servent de coral pour les lamas qui rentrent chaque soir plus ou moins spontanement.

A notre arrivee, les tentes sont montees dans un petit coral et un gouter copieux nous attend: pop corn, oreilettes, biscuits et mate de coca. Bonheur...


Deuxieme journee
Au petit matin, je grimpe sur les hauteurs du village pour prendre mon cafe devant le spectacle de la vallee qui se reveille. Les lamas commencent a sortir vers les paturages, chasses de leur coral par des patres qui les suivent. Apres le petit dejeuner cuisine par le jeune Ofrecio, nous rangeons nos sacs et tout le campemant sera embarque sur trois chevaux. Un homme de la famille sera le muletier, el arriero, pendant le reste du voyage. Ce petit monsieur nous impressionne beaucoup. Il porte le costume traditionnel, poncho, chapeau aux couleurs vives et sandales ouvertes, equipement hyper rudimentaire alors que la temperature avoisinne 0 degres le soir. Ne parlant que Quechua, nous ne pourrons malheureusement communiquer que brievement avec lui.

Nous prenons la route sous un soleil radieux. Le sentier prend de la hauteur et la vallee se vide de ses fermes pour devenir une immensite de roche et de prairie squelettique d´un vert jauni. Les lamas et les alpacas se dispersent dans ces immensites chaotiques. Des ruines de fermes ponctuent ca et la le decor car ici, les exploitations sont semi nomades. Les familles les abandonnent tous les trois ans environ lorsque les terres alentours sont epuisees, la production de biomasse a 3500 metres d´altitude etant tres limitee. Delaissant les murs d´adobe, les campesinos transferent la charpente et tous leurs biens dans une ancienne ferme qu´elles retapent. De temps en temps, des enfants accourent dans notre direction. A chacun d´eux, nous offrons un crayon de papier qu´ils accueillent avec enthousiame en quechua.

La pente s´accentue, et le sentier, jusque la facilement praticable, devient de plus en plus ardu. Nous passons le col a 4300 m dans un vent glacial cerne de pics enneiges et ecrases par d'epais glaciers. Une pierre rajoutee sur un cairn en offrande a Pacchamama, la terre mere des Quechua, et nous entamons la descente de l´autre cote.


Troisieme journee
Il a neige cette nuit sur les sommets. Le depart sous la pluie est un peu precipite et la longue piste qui descend est monotone. Mais les ruisseaux qui se forment et alimentent le torrent dechaine animent la marche. Les gens ici ne semblent pas s´apercevoir de la pluie glaciale. Nous atteignons avec beaucoup d´avance le village du dejeuner ou nous attendons notre caravane en observant les enfants jouer a l´elastique ou aux poggs sous un toit de chaume. A l´arrivee d´Ofrecio le cuistot, del arriero et des trois chevaux, l´agitation gagne une prairie ou l´on dresse le camp en compagnie des enfants depenailles et turbulents. Un soleil brulant se leve soudainement et seche tout le materiel etale, pendant que les gamins se dechainent pour tenter de nous impressionner. En attendant le dejeuner, partie d´echecs entre Matthieu et Dimas, notre guide, et dessins avec les enfants pour Sabrina.

L´apres midi, nous grimpons au site pre-inca perche au sommet du village. Les constructions d´un rouge oxyde dressent leurs murs inclines comme des fantomes d´une architecture maitrisee et encore pleine de sens. Apres quatre bonnes heures de marche, nous atteignons enfin le village d´Ollantaytambo au style inca intact. Cette bourgade est un musee du quotidien de la civilisation metisse, resultat de la conquete espagnole. Une odeur de chicha dominicale flotte dans l´air. A l´interieur des patios, des groupes d´hommes sont reunis et quelques femmes titubent dans les rues.

Nous rejoignons dans la soiree la gare ou passe le train pour le Macchu Picchu. Le trajet de nuit, sous la pluis battante, est ponctue d´arrets intempestifs et sommes secoues tels des Pisco Sour. Enfin, la ville d´Aguas Calientes nous accueille, du haut de ses empilements bricoles d´hotels opportunistes. L´unique rue de ce village dortoir monte jusqu´a notre hotel ou nous nous effondrons de fatigue apres une douche chaude des plus jouissives.