Chinchero, 3800 m d´altitude.
Apres un solide dejeuner de patates farineuses, nous montons a l´assaut du village accroche au coteau que couronnent les ruines incas. Place publique fastueuse, fondations de vastes batisses, glacis impeccablement horizontal, les avants postes de la forteresse inca offrent tout de suite le spectacle d´un urbanisme savamment organise. Les proportions genereuses, l´intervention methodique dans le relief, la parfaite gestion des eaux de ruissellements, tout cela donne l´idee de perfectionnement qu´avaient atteint les civilisations precolombiennes.
Le spectacle suivant est encore plus edifiant: le flanc entier de la colline est amenage de terrasses rectilignes et paralleles, se cassant en angles droits pour former un amphitheatre rectangulaire. Le systeme des terrasses se prolonge jusqu´a des affleurements rocheux dans lesquels les traces anguleuses des blocs tailles en negatif nous laisse deviner l´emplacement des carrieres de ces batisseurs. Des escaliers descendent en fond de vallon, ou l´organisation des champs cultives selon le systeme d´irrigation nous laisse reveurs devant tant de finesse dans le jeu du sauvage et du regulier.
Filage et tissage de la laine d´alpaca
le village de Chinchero
Les terrasses de Chinchero
Maras, 3900 m d´altitude.
Sur le chemin de l´ecole, que l´on remonte vers l´arret de bus, les eleves en uniforme nous croisent avec des regards curieux. Le collectivo nous depose a une croisee des chemins ou les taxis tentent de nous soutirer quelques soles. Nous preferons monter dans le collectivo qui nous depose au village de Maras d´ou part notre sentier vers le site de Moray. On traverse par un large sentier a vaches un paysage vallone de pres arides et de ravins rocailleux domines par de sompteux pics enneiges. De ci de la , les vetements colores de quelques campesinos perdus se detachent sur fond d´etendues infinies couleurs Pachamama, la terre mere. Les parcelles sont separees par des haies de buissons epineux et d´agaves. Seul le fond des combes offre un peu de fraicheur, plante d´eucalyptus et de cultures legumieres: sempiternels patates et mais.
Arrivee sur le site archeologique: des hauteurs, on admire le spectacle de trois cuvettes naturelles amenagees en terrasses de culture circulaires et concentriques. Cet impressionnant vertugadin est d´une regularite parfaite, epousant plus haut le relief qui se deforme et s´allonge. On passe d´un niveau a l´autre par des marches de pierres fichees dans les paroies a la facon des faices cevenoles. Chaque terrasse, d´une hauteur de deux metres, possede son micro climat propre. Ce site est suppose avoir ete un laboratoire geant explorant toutes les possibilites d´agriculture andine. C´est aussi aujourd´hui un lieu dans lequel on sent une forte presence spirituelle. Un lieu mysterieux qui voue un culte demesuree a l´harmonie entre hommes et nature.
Salinas, 3500 m d´altitude.
On traverse Maras aux maisons d´adobe emanant directement du sol rouge entourant le village. Puis une agreable campagne en pente douce guide nos pas vers Salinas. L´arrivee sur le site, au detour d´un chemin, offre une vue plongeante sur le coteau des salines, accrochees au flanc d´un ravin profond. Apres une pause a la chapelle, on dessine avec inspiration le spectacle des eclats de ciel boueux que forme la mozaique des reflets sous nos yeux. Des cuvettes baties en pierre et torchis agglutinees les unes contre les autres, forment un echeveau en escalier degringolant les pentes abruptes par marches successives. Une source saleee en amont , d´ou jaillit l´eau tiede et mousseuse, est canalisee suivant la courbe de niveau. Le ruisselet distribue un systeme delicat de toutes petites rigoles qui alimentent chaque bassinet. Les levres de ces veines d´eau, comme les murs des terrasses et des rebords des cuvettes, sont couvertes de concretions salees. Les hommes, comme des chats, cheminent sur le fil des ces bourrelets pour racler le sel en amas blancs et l´acheminer sur leur dos en fond de vallee, 3 kilometres plus bas.
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