Randonnee de 3 jours reliant le village de Lares a la cite inca de Ollantaytambo.Premiere journeeNous avons suivi tout l'apres midi une plaine encaissee de pentes herbeuses et labourrees par endroits, jusqu´au village de Huacahuasi ou nous attend notre premier bivouac. De petites maisons tres rustiques ponctuent les replats de part et d´autre du rio. Des cabines de tole bleue se tiennent a cote de chaque maison, en plus ou moins bon etat. Ce sont des latrines offertent par l´ancien president Fujimori (emprisonne car juge coupable de crime d´etat par le tribunal international pendant les annees du Sendero luminoso) et qui sont maintenant reutilisees pour d´autres usages par les habitants: porte, volets, clotures.
Chaque maison est une ferme familiale construite de pierres appareillees grossierement et couvertes d´un toit de chaume, a l´image des maisons gauloises de nos livres d´histoire. Des murets de pierres branlants delimitent des enclos qui servent de coral, potager ou carre de prairie dans lequel poussent arbrisseaux et buissons epineux. Le potager produit quelques patates, herbes et condiments ainsi qu´un foin special pour nourrir l´elevage de cochons d´Inde, les Cuy (prononcer couille). Enfin, un ou plusieurs grands enclos servent de coral pour les lamas qui rentrent chaque soir plus ou moins spontanement.
A notre arrivee, les tentes sont montees dans un petit coral et un gouter copieux nous attend: pop corn, oreilettes, biscuits et mate de coca. Bonheur...
Deuxieme journeeAu petit matin, je grimpe sur les hauteurs du village pour prendre mon cafe devant le spectacle de la vallee qui se reveille. Les lamas commencent a sortir vers les paturages, chasses de leur coral par des patres qui les suivent. Apres le petit dejeuner cuisine par le jeune Ofrecio, nous rangeons nos sacs et tout le campemant sera embarque sur trois chevaux. Un homme de la famille sera le muletier,
el arriero, pendant le reste du voyage. Ce petit monsieur nous impressionne beaucoup. Il porte le costume traditionnel, poncho, chapeau aux couleurs vives et sandales ouvertes, equipement hyper rudimentaire alors que la temperature avoisinne 0 degres le soir. Ne parlant que Quechua, nous ne pourrons malheureusement communiquer que brievement avec lui.

Nous prenons la route sous un soleil radieux. Le sentier prend de la hauteur et la vallee se vide de ses fermes pour devenir une immensite de roche et de prairie squelettique d´un vert jauni. Les lamas et les alpacas se dispersent dans ces immensites chaotiques. Des ruines de fermes ponctuent ca et la le decor car ici, les exploitations sont semi nomades. Les familles les abandonnent tous les trois ans environ lorsque les terres alentours sont epuisees, la production de biomasse a 3500 metres d´altitude etant tres limitee. Delaissant les murs d´adobe, les campesinos transferent la charpente et tous leurs biens dans une ancienne ferme qu´elles retapent. De temps en temps, des enfants accourent dans notre direction. A chacun d´eux, nous offrons un crayon de papier qu´ils accueillent avec enthousiame en quechua.

La pente s´accentue, et le sentier, jusque la facilement praticable, devient de plus en plus ardu. Nous passons le col a 4300 m dans un vent glacial cerne de pics enneiges et ecrases par d'epais glaciers. Une pierre rajoutee sur un cairn en offrande a Pacchamama, la terre mere des Quechua, et nous entamons la descente de l´autre cote.
Troisieme journeeIl a neige cette nuit sur les sommets. Le depart sous la pluie est un peu precipite et la longue piste qui descend est monotone. Mais les ruisseaux qui se forment et alimentent le torrent dechaine animent la marche. Les gens ici ne semblent pas s´apercevoir de la pluie glaciale. Nous atteignons avec beaucoup d´avance le village du dejeuner ou nous attendons notre caravane en observant les enfants jouer a l´elastique ou aux poggs sous un toit de chaume. A l´arrivee d´Ofrecio le cuistot, del arriero et des trois chevaux, l´agitation gagne une prairie ou l´on dresse le camp en compagnie des enfants depenailles et turbulents. Un soleil brulant se leve soudainement et seche tout le materiel etale, pendant que les gamins se dechainent pour tenter de nous impressionner. En attendant le dejeuner, partie d´echecs entre Matthieu et Dimas, notre guide, et dessins avec les enfants pour Sabrina.

L´apres midi, nous grimpons au site pre-inca perche au sommet du village. Les constructions d´un rouge oxyde dressent leurs murs inclines comme des fantomes d´une architecture maitrisee et encore pleine de sens. Apres quatre bonnes heures de marche, nous atteignons enfin le village d´Ollantaytambo au style inca intact. Cette bourgade est un musee du quotidien de la civilisation metisse, resultat de la conquete espagnole. Une odeur de chicha dominicale flotte dans l´air. A l´interieur des patios, des groupes d´hommes sont reunis et quelques femmes titubent dans les rues.

Nous rejoignons dans la soiree la gare ou passe le train pour le Macchu Picchu. Le trajet de nuit, sous la pluis battante, est ponctue d´arrets intempestifs et sommes secoues tels des Pisco Sour. Enfin, la ville d´Aguas Calientes nous accueille, du haut de ses empilements bricoles d´hotels opportunistes. L´unique rue de ce village dortoir monte jusqu´a notre hotel ou nous nous effondrons de fatigue apres une douche chaude des plus jouissives.
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