dimanche 5 avril 2009

La Boca

Pour se rendre dans ce quartier, proche de San Telmo, nous partons a pied, par dessous l'autoroute. De l'autre cote, commencent les rues plus sales, plus defoncees. Les immeubles aussi sont vetustes et les voitures deglingees. C'est comme si une partie de Marseille, la plus populaire, s'etait accrochee a Paris, de l'autre cote du peripherique. La Boca, c'est le quartier des pauvres, ceux qui subissent les crises et les echecs economiques de l'Argentine en panne. L'art de le debrouille est devenu ici la seule facon de s'en sortir, car meme les services publics de l'eau et de l'electricite sont deficients. Si bien que l'on voit partout les rustines, les rapiecages, les bricolages que la population s'ingenie a trouver pour donner a son quotidien un semblant de confort.
Cette culture de l'autoconstruction a donne forme a une style d'habitation aujourd'hui remarquable: des blocs entiers de maisons de tole et de bois etaient peints avec les restes de peinture des chantiers navals. L'esthetisation de cet art populaire est aujourd'hui pousse a l'extreme et le coeur du quartier est devenu une attraction touristique. Le style canaille des immigrants italiens et espagnols, inventeurs du tango, est egalement vendu comme fond de commerce.
Le port est bien morne, abandonne par l'industrie navale dont ne reste plus que la pollution au fond des bassins. Le pont transbordeur qui s'eleve devant les HLM est toujours la, fonctionnant peut etre encore. Green Peace y a accroche une banderole denoncant les pratiques polluantes qui continuent de souiller les rivieres.
La Boca est aussi le berceau de l'equipe de foot des Boca Junior, celebre pour avoir ete le club de la figure nationale Diego Maradona. L'epicentre du culte et leur cathedrale: le stade de La Bombonera. On ne peut visiter l'Argentine sans avoir vecu la ferveur que porte les argentins pour le "futbol". Alors un matin, on se leve tot avec Greg pour acheter quatre places pour le prochain match dans trois jours.
Le jour J, on arrive assez tot dans le quartier ou regne aux abords du stade une fievre agitee. Des colonnes de supporters convergent vers l'arene. Des dizaines de flics et volontaires du staff gerent ces flux de foule qui inondent les rues, barrees quand on approche un peu plus. Partout, des vendeurs de drapeaux agitent les couleurs de l'equipe en gueulant.
On arrive au point de controle et nous voila a gravir les escaliers de beton jaune. Dans le vacarne de l'excitation qui commence a monter, nous debouchons enfin dans le stade. Du haut des gradins populaires, l'arene jaune et bleue qui entoure la pelouse nous apparait comme un grand gouffre a la gloire de l'equipe. Et ce sont les joueurs adverses que l'on va precipiter comme des sacrifies, dans la gorge du montre populaire que forme, comme un seul etre, la foule hypnotisee des supporters. Ce soir, ce sont les Guaranis du Paraguay qui s'affrontent aux terribles Bocas.
Debouts, serres comme des sardines, on assiste au massacre 3-1, sous les cris et les chants de plus en plus enthousiastes de la foule en delire. Beau "futbol", mais peu fair play. La technique argentine est tres agressive, loin de la danse joyeuse que pratiquent leurs voisins bresiliens. A la sortie, la masse humaine nous refoule dans les rues et l'on s'en retourne en chantant vers notre calme San Telmo.

La peinture des cargos restee au port




Port fantome de La Boca 


Denoncez les pollueurs en appelant ce numero


La "Bombonera" est comme une soucoupe volante posee sur le quartier

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