mercredi 8 avril 2009

Jardin zoologique



Alejo nous avait parlé d'un parc où les animaux vivaient dans leur biotope reconstitué, à voir absolument... Les biotopes en question s'avèrent être en béton, et la scénographie de ce zoo évoque plus l'univers carcéral que le milieu de vie originel des espèces. 
Nous prenons toutefois plaisir à parcourir les allées de forme organiques comme dans les parc anglais du XIX, à l'ombre des beaux arbres. Mais nous sommes un peu honteux de faire partis de ces hommes qui enferment les animaux pour en promouvoir la cause. Car je sais que les sacrifiés sont les ambassadeurs de tous leurs frères libres. Et sans les zoos, la cause animale n'existerait pas pour les urbains.  
J'ignore si les groupes de visiteurs qui courent de cage en cage en hurlant, prennent bien la mesure de leur responsabilité envers la vie sauvage. Le paroxysme de notre culpabilité est atteint lorsque nous croisons le regard des grands primates. Les chimpanzés et les orangs outans nous toisent, impassibles, et nous jugent comme une masse informe qui se renouvelle tous les jours, derrière leurs barreaux. 
Blasés, ils ne regardent pas les individus mais l'humanité que nous sommes, et nous voient comme leurs bourreaux. La vérité de ce rapport se lit dans leurs yeux: nous nous trouvons mal à l'aise dans ce face à face;eux, non. Ils dénoncent de tout leur être cette injustice. Ils nous méprisent. On ne sait plus qui regarde l'autre dans a cage. Le vieil orang outan se lève, d'un geste vif et précis, balance en l'air un trognon de pomme qui retombe entre les visiteurs, de l'autre côté du grillage. "C'est moi qui vous lance des cacahuètes", veut-il dire. Je m'en vais, ne supportant plus de jouer le rôle pathétique des humains émerveillés et touchés par tant de ressemblance. 
Les reptiles immobiles, les fauves endormis, les oiseaux prisonniers, les singes fous, tous les autres sont plus faciles à regarder. Ils semblent avoir perdus leur raison d'animaux pour une attitude résignée, lobotomisée, reformatée aux dimensions de leurs cellules. Les éléphants se balancent, les ours tournent, les hippopotames baillent... 
A l'heure de l'apéro, cette jungle semble reprendre un peu de vie. Comme au crépuscule dans tous les coins de la Terre, chacun hurle, siffle, grogne et s'agite; mais c'est aussi l'heure de la gamelle que les soigneurs distribuent. Tout ce petit monde est conditionné, réglé comme les petits vieux des maisons de retraite. 



1 commentaire:

Emilie et Greg a dit…

hey amigos, une petite nostalgie de (re)voir les dessins de Sabrina et les photos de BA et les textes ... c était pas mal tout ca... on vous embrasse depuis notre tout petit pays