Arrivee a Punta Arenas, la ville la plus au sud de notre periple, capitale de la region des Maganalles. Ce port important tient une reputation fameuse aupres des marins du monde. La ville compte quelques traces d´influences exotiques, temoins d´un passé riche et cosmopolite. L´agglomeration s´etend loin le long des cotes et se disperce dans des taudis d´installations portuaires crasseuses. Nous accostons dans une petite hospedaje familiale, tenue par une mama aux yeux tombants et surmaquilles de vert, qui meut sa masse tassee avec energie. Elle est plus petite que tous ses clients, mais domine de son autorite matriarcale la maisonnee. Omnipresente, rien de ce qui se passe sous son toit ne lui echappe, ce qui rend sa compagnie a la fois attachante et etouffante.
Grosse nuit de repos, on attrape de justesse le petit dej maison puis partons en ville pour la derniere journee avec Mylene. Nous parcourons le damier de la ville, blocs de petites maisons, depareillees et rivalisant d´audace decorative. Les jardins, coquets et kitch a souhait, sont parsemes de lupins colores. Eux seuls nous indiquent que nous sommes en plein ete austral. Coupant le quadrillage regulier en travers, un fleuve canalise traverse la ville en se chargeant de dechets. Nous atteignons la place centrale, spacieuse avec ses belles facades exotiques debut du XX siecle. Les cypres haut dresses sur leurs troncs, protegent les allees du vent agressif et dispensent leur ombre bienfaisante, changement notoire en comparaison avec la vieille photo de la ville en noir et blanc qui les montre adolescents. Des touristes blemes et adipeux, croisieristes en recreation, balladent leur objectifs poses sur leur bedaine et se dissimulent maladroitement derriere un faux air neglige. Les marchands d´artisanat trainent cette foule lucrative entre leurs echoppes alignees comme la clairevoie d´une nace. Nous repartons pour le mirador, balcon en soutenement sur les hauteurs de la ville. Les maisons et toits de tole sont agglomeres le long du detroit de Magellan en une plage de couleurs vives. Les bateaux a l´amarre le long des jetees sont comme des morceaux decroches du glacier urbain qu´ont bati les hommes. Derniere photo, tous les trois devant le bout continent, et de l´autre cote, la Terre de feu. Pour sceller cet instant, nous trinquons nos Australes a la terrasse panoramique du bar "Mirador", petite baraque de tole turquoise et decoree de rondelles de bois. Sur le toit, un manchot, mascotte de la ville, sirote un cafe face au large, echarpe rouge dans le vent.
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